Processus de création
Quand j’ai commencé le tissage, ce n’était au départ qu’un loisir créatif de plus que je testais. Comme je l’ai déjà expliqué dans un de mes articles, j’ai toujours eu besoin de fabriquer, créer (de mes mains, de mon corps avec la danse, de ma voix avec le chant).
Mais le tissage m’a finalement choisie. Il s’est imposé à moi comme le parfait médium pour m’exprimer. Le côté hautement méditatif y est surement pour quelque chose. Moi qui suis généralement assez impatiente et dont les pensées se bousculent sans arrêt, cette activité qui ne fait pas de bruit, me pose et me demande le calme.
J’ai toujours laissé l’inspiration me guider, sans dessin préalable, juste un choix de couleurs et de matières, le « dessin » se formant au fur et à mesure que les fils se glissaient entre les fils de chaîne. Mais il s’agit aussi de trouver son style, poser sa patte! J’aimerais qu’on puisse reconnaitre mes tissages parmi d’autres. J’ai mis un certain temps à accepter que tel style soit MON style. On s’inspire toujours d’autres artistes et créateurs, on sait ce qu’on aime voir mais tirer son épingle du jeu, ce n’est pas évident. Je crois qu’aujourd’hui, je touche du bout des doigts à cette identité.
J’accepte de ne pas tisser comme les autres, j’accepte mes maladresses (en essayant de les corriger), j’accepte les choix que je fais. J’accepte le temps que j’y passe ou pas, le besoin de changer de couleur, de matière ou de technique à un moment de mon tissage. Je me dis que c’est mon rythme, cette impatience qui s’exprime parfois car je suis incapable de rester longtemps sur une même technique, forme ou couleur. Il faut que ça bouge, il me faut du rythme. J’apprends à apprivoiser tout cela.
L’exposition à laquelle j’ai participé, m’a réellement donné l’occasion de lâcher prise et de ne plus penser au tissage comme simple objet de décoration mais comme objet d’art. Le faire exister pour lui-même et non plus pour aller avec la décoration (sans dénigrer cet aspect étant une grande fan de décoration d’intérieur).
Inspiration nature
La première pièce que j’ai créée pour cette occasion est le tissage que j’ai baptisé « Falaise » directement inspiré des falaises d’Etretat. Les strates formées dans la roche, l’érosion provoquée par la mer, les différents taux d’humidité et la mousse qui s’installe au fur et à mesure forment des lignes irrégulières et naturelles. Quand je les regarde, je vois la possibilité d’en faire un tissage et c’est ce que j’ai fait. J’ai suivi les courbes, les couleurs avec les différentes matières qui s’imposaient à moi avec sous les yeux des photos que j’avais prises.
Ce tissage est dans la même lignée que la plus petite pièce nommée Lychen. Cette fois-là c’était la matière en elle-même qui m’avait guidée. J’avais une pelote de fil de coton recyclé et avec un effet frisé. Sa couleur vert kaki était parfaite pour créer en tissant une impression de forêt où on pourrait trouver du lichen suspendu aux branches.
C’est vrai qu’en général, ce sont les matières naturelles qui m’inspirent. Je prends parfois en photos des murs en pierres (les maison en meulière sont parfaites) ou des roches croisées lors de balades. Je trouve aussi dans le métal rouillé et usé par le temps des belles inspirations.
J’ai également crée la pièce qui se nomme « Souche».
J’avais depuis un certain temps un cerceau en bois, un de ces cerceaux qui servaient de jeu aux enfants (il fallait les faire rouler avec un baton). Je l’avais récupéré dans une de mes anciennes écoles, un vestige de temps plus anciens. Je voulais depuis longtemps l’utiliser pour un tissage.
Etant lancée dans ce thème « Nature », j’ai fait des recherches et suis tombée sur des photos de souches pétrifiées. Le bois pétrifié (bois transformé en pierre), c’est en fait du bois fossilisé. On en trouve de différentes couleurs selon les composés chimiques véhiculés par l’eau lors du processus de pétrification et les motifs apparaissent selon le degré de porosité du bois. J’avais trouvé l’inspiration pour ce tissage circulaire.
Quand c’est le support qui m’inspire
Parfois c’est le support en lui-même qui m’aide à me projeter.
J’aime beaucoup chiner. Un jour, je tombe sur 2 cadres à lisses en vente sur le boncoin qui servaient de tête de lit. Ces 2 cadres patinés par le temps étaient dans leur jus. On y voit encore le nom de l’entreprise (une filature) qui les utilisaient dans leur métier à tisser. Les lisses étaient rouillées.
Je savais dès que je les ai vues qu’il fallait que je les tisse. Je me servirais des lisses en métal comme fil de chaîne. J’ai commencé à tisser à l’aiguille avec du fil assez fin déniché chez Emmaüs et j’ai constaté avec satisfaction que la rouille colorait (de manière inégale) le fil écru.
J’ai continué en me laissant libre de créer les formes, les courbes, les resserrements avec différentes épaisseurs de laine (de la laine mèche mérinos en partie chinée également). Ça a pris du temps car tisser sur du métal c’est assez compliqué. Et puis j’ai terminé le premier et j’ai aimé ce coté organique créé par la forme et puis j’étais fière d’avoir redonné vie à ce cadre en le rapprochant de sa fonction première.
Des cadres à lisses servent à tisser, ils seront support de tissages. J’ai voulu créer le 2ème de manière symétrique au 1er mais en utilisant une technique différente (réalisé presque entièrement en point Rya, celui qui est utilisé pour fabriquer des tapis). Je les ai baptisés: Retour aux sources 1 et 2. Ils sont jumeaux mais aujourd’hui ils sont séparés et ont été accueillis dans 2 foyers différents. Ils se retrouveront peut être un jour.
Une première expérience très enrichissante
Ce sont ces 5 pièces que j’ai exposées cet été à Jonzac avec de nombreux autres artistes. C’était une très belle expérience et je suis très reconnaissante à l’association Les couleurs de l’Art (95) de m’y avoir conviée. Non seulement je faisais mes 1er pas dans un cadre plus artistique, je rencontrais de nombreux artistes (peintres, sculpteurs, plasticiens, photographes…) très intéressants mais je me confrontais aussi aux amateurs d’art, les curieux, les plus aguerris et j’ai eu l’honneur de voir partir trois de mes pièces.
Cela m’encourage à continuer dans cette voie, tout en continuant évidemment les créations plus petites pour décorer des chambres d’enfants et tout le reste de votre intérieur d’ailleurs.
Je fais de l’artisanat d’art et petit à petit je m’approprie ce statut grâce aux retours positifs que je reçois.
Je suis Sandrine Truc et j’ai fait ma première exposition d’art, je suis artisane d’art.
Vous pourrez vous tenir informés de mes prochaines expositions et événements sur mon compte Facebook ou instagram.
Vraiment très intéressant. On n’imagine pas toujours l’énorme travail derrière des créations, même qd on connaît l’artiste ! Je suis admirative
Merci beaucoup, c’est du travail et j’ai beaucoup de mal à estimer le temps que j’y passe.
Travail très intéressant et réalisations vraiment magnifiques pour lesquelles j’ai craqué plusieurs fois… j’ai toujours été impressionnée par la créativité des artistes, cette capacité à se lancer, à suivre son instinct et à travailler pour arriver à un tel résultat. Bravo!!!
Merci encore pour ton interêt pour mon travail. Ça m’encourage vraiment à persévérer.
Bravo Sandrine ! Je te souhaite une belle et longue carrière artistique !
Merci beaucoup!
vraiment bravo pour ce travail !! j’ai adoré lire la manière dont tu décris comment tu t’inspires pour créer. j’ai hâte de voir ta petite entreprise grandir
Merci beaucoup Juliette!